Sécheresse

La Gestion prévisionnelle de la ressource face au risque de sécheresse

Les ressources en eau du SEV sont souterraines, de nature karstique, c'est-à-dire un sous-sol calcaire faillé avec des circulations d’eau dans les fissures et fractures de la roche, suite à une infiltration des eaux de pluie et la lente dissolution des composants de la roche. Ce réservoir peu profond et peu capacitif se recharge chaque année lors de la période pluvieuse, principalement d’octobre à mars, l’évaporation et la reprise par les végétaux empêchant les quelques pluies de la période sèche de rejoindre la nappe.

Des sécheresses historiques, et une pénurie « anthropique »

De tous temps en Poitou-Charentes dans ce type de sous-sol, les anciens s’adaptaient aux variations climatiques en gérant des sources communales et avec des puits domestiques pour les fermes et des citernes d’eau de pluie. Depuis que les données météorologiques sont enregistrées régulièrement (depuis la moitié du XXème siècle), on a recensé des années de sécheresse, que la faible densité de population et les types d’agriculture permettaient d’affronter.

Avec le développement des besoins urbains, domestiques, de santé publique, la pression sur la ressource a augmenté. Mais c’est l’avènement de l’irrigation depuis les années 1970 qui a créé chaque été des situations de pénurie, amenant à une nécessaire régulation des usages. En effet, sous cette pression supplémentaire (30 exploitations irrigantes consomment autant chaque jour en été que toute l’agglomération de Niort !), le karst a été trop sollicité et des situations de rupture de la continuité de la ressource ont été connues, en 1976 bien sur, mais aussi en 1991, 1996, avec une accentuation sur la dernière décennie : 2003, 2004 et surtout 2005.

La mise en place de scénarios de gestion

Après des années de tension sur la ressource en été, notamment la dernière décennie, et après quelques interruptions brutales de la ressource sous l’effet des prélèvements agricoles (en 1991 la Source historique du vivier s’est arrêtée brutalement, après un effondrement des chenaux karstiques en amont sous l’effet des pompages agricoles et urbains non régulés). Il a fallu d’une part comprendre et modéliser les phénomènes naturels et la réaction des nappes aux prélèvements, et d’autre part en tenir compte pour mettre en place des modalités de gestion et d’arbitrage entre usages.

La crise de 2005 et la modélisation de la ressource

La Ville de Niort, puis le SEV, ont mené, en régie, dés 2003, une étude scientifique du comportement de ses ressources en eau, et des incidences des prélèvements. Cette modélisation a permis d’anticiper la sécheresse centennale de 2005, en prévenant la sécurité civile et les agriculteurs dés fin janvier qu’il ne pourrait y avoir d’irrigation l’été 2005. Jusqu’alors l’Etat arbitrait les usages avec la seule profession agricole, 2005 a permis une régulation prenant en compte l’ensemble des usages. L’outil mis en place, la gestion anticipée de la crise, en limitant drastiquement tous les prélèvements (médias locaux et nationaux…), et en accompagnant au mieux la vidange de la nappe, on permis d’éviter des coupures d’eau sur plusieurs semaine à Niort. Le SEV a reçu un prix de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne pour ce dispositif. Le SEV intervient désormais au niveau national pour former les services de l’Etat et les acteurs de l’eau à la gestion de ce type de problème (Agroparistech, Ensosp, interventions à la FNCCR…)

Les retombées de ces études

Ces études ont permis :

  • d’anticiper les crises graves en cas d’absence de recharge hivernale de la nappe et alerter tous les acteurs de l’eau, agriculteurs, professionnels, usagers, ainsi que les services de santé et la sécurité civile,
  • de proposer des scénarios de gestion pour les cadres règlementaires (SAGE, arrêtés cadres préfectoraux annuels…) en sélectionnant des indicateurs environnementaux fiables et en fixant des seuils techniques cohérents et protecteurs